Chaque mois, sur le site de référence recettes.de, il y a un concours de recette de cuisine. Le thème change en fonction des saisons et des humeurs du jury. Cette fois, la cuisine sauvage est à l’honneur, autant dire que cela m’interpelle. La cuisine sauvage, je la pratique au quotidien et dans tous les sens du terme : cuisiner à même le sol, sans équipement, dépecer les poissons que les voisins nous offrent, acheter au marché des poulets qui ont encore la tête et les pattes, choisir des poissons séchés mangés par les vers, lutter contre les fourmis qui envahissent la cuisine, les poulets des voisins qui viennent pondre sur ma terrasse et les chèvres qui broutent mes plantes aromatiques… et surtout, goûter des nouvelles herbes, graines, fruits, … Plusieurs fois par semaine. C’est fun, c’est intéressant, mais c’est aussi un peu exténuant…
Le plus drôle, pour moi, est de voir les gens collecter leur nourriture : où que tu regardes, tu vois tes voisins ramasser des feuilles, des fruits, creuser pour trouver une racine de ci ou de ça, tu vois passer des gens avec des poulets vivants sous le bras…
Autour de chez moi, en bordure de champs, il y a du galanga, des plants de padan, du basilic sacré, … qui poussent de manière sauvage.
Chaque fois que je découvre un nouveau fruit ou de la verdure comestible, je demande à Nan ce que c’est exactement et il m’explique comment s’en procurer… la réponse se termine toujours par un truc du genre : « tu peux aller en ramasser là-bas, derrière la maison, j’en ai vu l’autre jour ! » Sauf que moi, c’est hors de question que j’aille crapahuter dans les herbes hautes et les broussailles. Non de non. Vu la quantité de serpents, scorpions et scolopendres qui habitent autour de chez moi, tu ne me fais pas quitter le chemin bétonné. Si, je te jure, il y a des cobras, des king cobras, des pit vipères (et plein d’autres dont je ne connais pas les noms) qui logent dans les champs de canne à sucre et dans les cultures qui entourent ma maison. J’en ai vu de me propres yeux et ce n’est pas un spectacle qui me donne la force d’aller récolter des plantes sauvages. Si y a bien un truc qui peut me couper toute envie de manger, c’est l’idée de me retrouver nez à nez avec un serpent.
La plus belle expérience de cuisine sauvage à laquelle j’ai eu droit, c’était en Australie, lors d’un voyage au parc national de Kakadu. (Ce parc national a une superficie qui correspond à la moitié du territoire suisse). C’était il y a de nombreuses années (soupir) et je te ressors des vieilles photos…
Nous avons passé une journée en compagnie d’une vieille dame aborigène qui nous a fait visiter le parc et qui nous a expliqué son style de vie. On a récolté de la nourriture dans la forêt et on a cuisiné notre repas au feu de bois.
Oui, on a aussi récolé des vers que nous avons fait griller… une fois cuit, ça a le goût de noisette.
Les fourmis vertes sont utilisées, par les aborigènes, comme de l’aspirine. Elles ont un goût citronné et croustillent sous la dent… A manger, ce n’est pas fantastique, mais ce n’est pas pire !
Préparation du barbecue pour le souper avec le bois sec qu’on a pris dans la forêt. (Enfin, qu’ILS ont pris dans la forêt… car vu ma peur panique des serpents, j’ai eu le temps de ramasser 2 bouts de bois pendant que les autres nous approvisionnaient.)
Le clou du spectacle : la préparation d’oies sauvages.
Il a bien entendu fallu les plumer et les vider. Les nettoyer et les griller.
Les oies ont été coupées en 2 et posées sur un lit de feuilles aromatiques. Dessous, un mélange de braises et de pierres pour bien maintenir la chaleur. Puis, on les a recouvertes d’écorce d’arbre (aussi récoltées auparavant dans la forêt) et on a laissé cuire à couvert, comme dans un four.
Nous avons mangé au coucher du soleil, seuls, dans une baie absolument gigantesque, entourés par des milliers de canards sauvages qui venaient y passer la nuit. C’était un spectacle à couper le souffle, un repas délicieux et un souvenir indélébile !
Pour te donner une vraie recette sauvage aujourd’hui, il faut que tu visualises le type de cuisine qu’on voit en Thaïlande… t’es prêt ?
Non, ce n’est pas un gag et non, ce n’est pas ma cuisine ! Mais c’est dans ces conditions qu’on cuisine : équipement de base, un ou 2 brûleurs à gaz et 1 ou 2 woks. Dans cette cuisine, on prépare à manger pour une trentaine de personne, avec 2 woks.
Mes collègues ont récolté des feuilles de courge écarlate. Il s’agit d’une plante grimpante qui pousse un peu partout de manière sauvage :
On utilise les feuilles de la plante, pas les tiges. Les fruits ne se mangent pas. Si tu n’en as pas dans ton jardin, tu peux les remplacer par des épinards frais ou de la laitue, du chou chinois, des jeunes feuilles de courge, ou même des ortilles ….
Il faut préparer les feuilles et bien les laver.
Ensuite, tu mets 1 dl d’eau et 2 c.s d’huile dans un wok et tu portes à ébullition.
Tu ajoutes 2 œufs (ceux que les poules de tes voisins ont pondu sur ta terrasse), de la sauce soja (environ 2 c.s.) et du sucre (environ 1 c.s)
Tu casses un peu les jaunes d’œufs, mais tu ne mélanges pas trop, ça fait un genre d’œufs brouillés, mais pas complètement brouillés.
Puis tu ajoutes les légumes.
Tu laisses cuire à feu doux 3-4 minutes. Tu rectifies l’assaisonnement avec sel et poivre, du sucre si nécessaire. Et tu sers le tout, jus de cuisson inclus avec du riz et un plat de viande ou de poisson.
Ça a l’air de rien, mais c’est vraiment délicieux et tout simple.
Bon app !
Très beau reportage. Tu n’oublieras jamais l’Australie ,c’est certain.
Tout comme toi, j’ai une sainte horreur des serpents et des araignées,mais surtout des premiers.
Je te souhaite un we agréable. Chris 06