En Suisse, je mangeais beaucoup de poisson. Le poisson, c’est bon et c’est facile à cuisiner.
A part quelques rares et fantastiques tartare de thon (shame on me!!), je cuisinais principalement des poissons du lac achetés directement chez le pêcheur. Je n’étais donc pas consciente des problèmes de surpêche et de danger d’extinction d’une grande quantité d’espèces de poissons.
Les populations de poissons dans le lac suisses sont surveillées de près, il y a des saisons de pêche pour assurer des périodes tranquilles aux poissons lors de la saison de reproduction, il y a aussi des quotas pour les pêcheurs. Manger du poisson du lac a un impact écologique assez faible.
Maintenant que j’habite dans une région de pêcheur en Thailande et que, de par mon métier, je suis sous l’eau tous les jours, je réalise à quel point les cris des associations de protection de la nature sont justifiés.
7 ans passés à plonger sur les mêmes récifs ont suffit pour que je voie un changement alarmant de la faune sous-marine : plus de requins, de très rares tortues. Les langoustes ont disparu alors qu’elles existaient en nombre il y a de cela 6 ans. On ne voit plus de gros mérou, plus de poissons de récif de plus de 40cm de long… Bref, la liste est longue.
A quoi cela est-il dû, me diras-tu ?
Eh bien cela est dû à un tas de facteurs mis ensemble :
– le tourisme a explosé dans cette région, cela a entrainé l’ouverture d’un nombre considérable de restaurants qui cuisinent du poisson frais de la région.
– les techniques de pêche ont changé : il existe des sonars très efficaces pour repérer les bancs de poissons et éviter de rentrer broucouille à la maison
– les bateaux de pêche ont évolué : fini les petites barques familiales. Bonjour les giga-compagnies qui investissent dans de monstrueux bateaux.
– le manque de contrôle : pas de saison de pêche, pas de ferme pour la production d’alvins à relâcher dans la nature, aucun sanctuaire marin dans lequel les bateaux de pêche ne sont pas admis.
– le manque de poissons dans certaines zones de pêche autrefois abondantes poussent de plus en plus de bateaux à venir décimer les zones encore pleines de vie.
– l’économie : autrefois la pêche était un secteur prospère employant beaucoup de personnel dans la région. Aujourd’hui, de par le manque de poissons, il est difficile de gagner sa vie correctement en tant que pêcheur. Cela pousse les compagnies de pêche à développer des techniques qui ne laissent passer aucun animal hors des filets.
Alors que faire ? Car c’est bien là le problème, non?
Eh bien, je pense que la première chose à faire est de ne pas ignorer le problème. A partir du moment où les gens commencent à prendre conscience que problème il y a, on peut espérer une évolution et peut être même, un jour, une solution.
Ensuite, chacun de nous peut faire sa part en sélectionnant sa nourriture correctement. Il est facile d’obtenir des informations sur internet. En fonction de la région où on habite, on peut obtenir une liste des poissons à éviter et de ceux recommandés.
Pour ma part, je ne mange aucun poisson de récif, je ne mange ni requin ni raie, le thon est bani de mon frigo (snif, désespoir…). Pas d’espadon, pas de mérou, pas de langouste. Je mange des crevettes qui viennent d’élevage uniquement (oui, là, on entre dans un autre débat de catastrophe écologique), des calmars, des carrangues et des snappers d’élevage également.
C’est aussi bien de simplement s’intéresser au problème en regardant des films sur le sujet.
Avez-vous vu …
– shark water : superbe documentaire sur les dangers d’extinction d’un grand nombre d’espèces de requins. Les images sont magnifiques, les informations passionnantes.
– the end of the line : documentaire effrayant mais captivant sur la surpêche.
Il y a de nombreux autres films mais ces deux ont été les plus marquants pour moi. Dis-moi ce que tu en as pensé ?
Il y a une liste ici de ressources intéressantes sur le sujet :
WWF guide d’achat
Mr. Goodfish
Slow food – Slow fish
Pour conclure, j’aimerais ajouter qu’une chose est sûre, la pêche se fait en fonction de la demande. Si chacun d’entre nous fait de son mieux pour ne plus demander de poissons en voie d’extinction, il ne seront tout simplement plus vendus donc plus pêchés. Le seul problème est de savoir si nous arriverons à faire changer le cours des choses avant qu’elles ne deviennent irréversibles…
Maintenant, c’est à nous de jouer !
Je viens de découvrir ton blog, la cuisine thaïe me fait vraiment rêver. La Thaïlande aussi, mais la cuisine, c’est plus abordable.
Quelques remarques avant de poursuivre ma lecture:
En France on peut trouver le tamarin dans les magasins « Grand frais », où on trouve aussi tout plein de produits asiatiques, créoles…
Pour les poissons, je n’en mange plus beaucoup non plus.
Merci pour l’info concernant le tamarin, je pense que cela aidera beaucoup de lecteurs.
Bonne visite 🙂