Pas de recette postée ces derniers jours, car j’ai passé de mon île au continent : vacances dans ma résidence secondaire. En échange, je vais te faire faire une petite balade.
Hier, pour mon anni, j’ai eu droit à une journée surprise. Je savais qu’on sortirait, mais je ne savais ni à quelle heure ni où. En Thaïlande, personne ne marche : on se déplace à moto ou en voiture mais pas à pied. Partant du principe que je ne bougerai pas de la voiture avec la clim, j’ai enfilé un pantalon de toile fine, tout neuf, beige et j’ai mis mon plus beau T-shirt. Comme je vis sur une île, j’ai 0 paire de chaussures et une unique paire de tongs.
A 10 heures, départ… pour ? « I don’t know, you will see »
Eh ben pour voir, j’ai bien vu ! Promenade en tongs dans la gadoue…
50 minutes de voiture plus tard, on s’arrête en altitude, au pied d’une gigantissime montagne, pour aller visiter les grottes de Phu Pha Pet. Fantastique, je suis super excitée de finalement voir ces fameuses grottes qui sont, selon les experts, les plus grandes et les plus impressionnantes de Thaïlande.
Il faut tout de même rappeler que nous sommes actuellement en saison des pluies : nous avons droit à des grosses averses presque tous les soir. La journée est très souvent ensoleillée mais le taux d’humidité dans l’air est démentiel et le sol détrempé.
Ca tombe bien, non ? je suis en tongs !
Nous payons l’entrée des grottes et nous louons une lampe frontale indispensable pour la visite. « Mais pour quelle raison la lampe frontale obligatoire n’est-elle pas incluse dans le prix d’entrée ? Mystère ! »
Nous commençons à grimper au milieu de la végétation incroyablement dense. Petite ascension au pas de fourmi, les marches sont toutes inégales et recouvertes de boue rouge bien glissante. Le chemin n’est pas vraiment entretenu, car nous sommes en basse saison. Superbes couleurs, forêt tropicale et …
« crotte, j’ai pas pris mon spray anti-moustique … mais bon sang, pourquoi tu m’as pas dit qu’on allait en forêt ? «
Réponse : « Joyeux anniversaire ! «
L’humour thaï est toujours le bienvenu et je l’apprécie à sa juste valeur !
20 petites minutes plus tard, nous voici arrivés à l’entrée de la grotte. Un vieux monsieur sans dent est accoudé à une table, cigarette en bouche. Mon gentil organisateur taille le bout de gras avec lui et m’annonce que ce sera notre guide. Super, il ne parle pas un mot d’Anglais et je ne capte pas ce qu’il dit en thaï.
L’entrée de la grotte ressemble à tout sauf à un lieu touristique : un vieux lit cassé est abandonné dans un coin, des détritus en tout genre jonchent le sol (bien qu’il y ait des poubelles installées pour se débarrasser de ses déchets), et aucun panneau explicatif d’aucune sorte ne nous explique où on est ni à quoi s’attendre. Mais tout cela, pas de soucis, j’y suis habituée.
Je repère un minuscule trou dans la paroi rocheuse… apparemment, c’est l’entrée de la grotte !
Je regarde le sol, je regarde mon pantalon et je me prépare mentalement à lui dire adieu. Notre vie commune aura été de très courte durée.
« Qu’est-ce qu’on attend pour entrer ? » On attend que quelqu’un donne l’impulsion pour se déplacer. En Thaïlande, on attend toujours l’impulsion. J’ai bien essayé de la donner mais avec moi ça marche pas. Généralement on me répond : « wait ». Du coup, j’attends que quelqu’un qui n’est pas moi donne le feu vert du départ.
Ce moment est finalement arrivé : nous avons rampé à travers l’ouverture pour nous retrouver à l’intérieur de la montagne. Dans la grotte, la température est agréable, il fait bien noir à part quelques petites ampoules pour indiquer le chemin, personne en vue. Uniquement les cris des chauve-souris et le cliquetis de l’eau qui s’infiltre à travers le plafond ! Wouahhh, je commence à aimer cela !
Le parcours à travers la montagne fait pas loin de 2km. Le guide nous explique qu’il y a 3 étages de grottes. L’étage inférieur est celui de la rivière souterraine, nous sommes au second étage et au-dessus de nous, il y a d’autres grottes, tout aussi belles, mais qui ne sont pas ouvertes au public.
Le plafond de cette grotte est à plus de 50 mètres au-dessus de nos têtes, c’est très impressionnant.
Contrairement aux grottes que j’ai visitées en Suisse, celle-ci n’est pas éclairée par des lumières de toutes les couleurs. Les lampes frontales sont indispensables, effectivement.
Le sentier est balisé avec des planches de bois assez glissantes et en mauvais état… Très attentif, notre guide s’arrête avant chaque trou pour s’assurer qu’on ne mette pas le pied au mauvais endroit. « Cela prendrait pourtant quelques bouts de bois et une petite demi-heure pour réparer les planches cassées… Amazing Thailand ! » Me dis-je tout haut.
Le taux d’humidité est complètement dingue : à peine 10 minutes de marche et je dégouline, mon T-shirt est complètement trempe, pourtant il ne fait pas vraiment chaud !
Les formations rocheuses ressemblent étrangement aux différents coraux qu’on peut voir sous l’eau. Cela n’est pas si étrange en fin de compte, car c’est bien l’eau qui sculpte ces formes ! On voit des variations de couleurs impressionnantes. Je suis subjuguée par cette visite.
Notre guide nous explique des tas de choses que je ne comprends pas. Voici, en vrac, ce que j’ai réussi à capter :
Les stalagmites croissent de quelques millimètres seulement par an.
Ces grottes sont ouvertes au public depuis un peu moins de 10 ans et il y a déjà beaucoup de dégâts : les gens qui visitent arrivent à casser des morceaux de roche et à se promener hors des sentiers balisés.
Certaines formations se créent beaucoup plus rapidement que d’autres : si tu déposes une pièce de monnaie à cet endroit (photo ci-dessous), elle aura disparu sous la roche en l’espace d’une semaine !
A part les chauve-souris, on rencontre des gros carpeaux, des minuscules Bernard l’hermite qui sont arrivés là on ne sait trop comment, et même des serpents. A ce mot, j’ai eu instantanément envie de sortir par téléportation. J’ai tout de suite été rassurée, même si je suis certaine que c’était un gros mensonge, il n’y a plus de serpents depuis que la grotte est ouverte aux touristes…
Ces grottes étaient habitées il y a plusieurs millénaires, on a retrouvé des os et des traces de vie quotidienne. Elles ont aussi été le lieu d’habitation de groupements militant contre le gouvernement, il y a une vingtaine d’années. Cachette pour les hors la loi ! La plupart de ces ex-dissidents travaillent aujourd’hui comme guide !
Autrement, j’ai posé des tas de questions, mais je n’ai pas compris les réponses en thaï. Je voulais notamment savoir à quel type de roche on a à faire, qu’est-ce qui fait que certaines de ces formations sont incrustées de paillettes brillantes, pourquoi à certains endroits on a de la roche verte et à d’autres de la roche rouge…
Mes moments préférés ?
– Quand notre guide s’est arrêté près d’une stalagmite en nous demandant de bien regarder sa couleur. Il voulait qu’on lui dise d’où cette couleur pouvait bien venir. Effectivement, très différent de tout ce qu’on avait vu jusque là, couleur gris-brun verdâtre…
Réponse donnée par le guide : cette couleur vient de la crotte des chauves-souris qui logent au plafond ! Super, on est resté dessous à contempler cette stalagtite durant 10 bonnes minutes !
– Lorsque ma lampe s’est éteinte à mi-chemin : plus de batteries
– En fin de visite, la passerelle en bois débouche sur une gigantesque grotte avec un puits de lumière extérieure : WOW ! absolument magnifique. D’après notre guide, lorsque le soleil est bas, en fin d’après midi, toute la grotte est inondée de lumière et la roche est vert vif.